Allocution de David Rheault, Vice-président – Relations avec les gouvernements et les collectivités, devant le Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités le 2 mai 2024
Bonjour,
Il me fait plaisir de comparaître devant vous aujourd’hui.
Air Canada est fière des services qu’elle offre aux Canadiens. Nous servons plus de 180 aéroports dans le monde, dont 50 aéroports au Canada. En 2023, nous avons déployé près de 55 millions de sièges et accueilli plus de 46 millions de passagers, que je veux remercier pour nous avoir choisi.
Sur le marché intérieur, nous avons offert près de 25 millions de sièges aux Canadiens. Nous sommes le seul transporteur à servir toutes les provinces à chaque jour de l’année.
D’entrée de jeu, je tiens à souligner que le marché canadien du transport aérien est très concurrentiel. Quelque 70 transporteurs internationaux desservent le Canada et sont en concurrence avec les compagnies aériennes canadiennes. Certains de ces transporteurs sont 2 à 3 fois plus grands qu'Air Canada, notamment Delta Airlines, Air France-KLM, British Airways, American Airlines, Turkish Airlines et d'autres.
En fait, le Canada compte trois des 50 aéroports les plus connectés au monde. Il s'agit là d'un élément significatif. Aucun autre pays, à l'exception des États-Unis et de la Chine, ne compte trois plaques tournantes dans ce classement. Cela montre que le marché du transport aérien au Canada est compétitif et vigoureux, et qu'Air Canada peut rivaliser - voire se démarquer – sur la scène mondiale. Le niveau de connectivité offert par Air Canada contribue au développement économique et au tourisme en plus de jouer un rôle afin de faciliter l’immigration au pays. Cela nous permet également d’employer 40 000 personnes et de soutenir plus de 190 000 emplois indirects au Canada.
La concurrence s'est également considérablement accrue sur le marché intérieur, d'autres transporteurs augmentant leur capacité, notamment WestJet, Porter et Flair Airlines. Alors qu’en 2001, la part du marché intérieur détenue par Air Canada était d'environ 75 %, elle est désormais de 43 %.
Vingt-quatre compagnies aériennes desservent le marché intérieur canadien, dont 20 offrent plus de 50 000 sièges par an. Trois transporteurs détiennent plus de 10 % de la capacité, pour un total de 82 %.
Permettez-moi de vous présenter quelques faits pour contextualiser cette situation dans une perspective mondiale.
En Australie, qui compte une population de 26 millions d'habitants, Qantas détient 58 % de la capacité - et plus de 90 % de la capacité totale appartient à deux transporteurs. Au total, il y a 13 transporteurs.
En France, Air France détient 54 % de la capacité intérieure, 4 transporteurs ont plus de 10 %, pour un total de 95 %. On y dénombre 10 transporteurs.
Enfin, aux États-Unis, de loin le plus grand marché, 20 fois plus grand que le Canada, probablement le marché le plus concurrentiel au monde, 4 transporteurs détiennent au moins 10 % de la capacité, pour un total de 80 %. Seuls 28 transporteurs offrent plus de 50 000 sièges par an, contre 20 au Canada.
Il y a cependant des défis uniques au Canada qui limitent la capacité des compagnies aériennes de stimuler le marché, d’offrir des tarifs davantage attractifs et de développer nos aéroports canadiens.
D’abord, notre géographie pose un défi particulier. Il y a relativement peu de grandes villes au Canada, les distances y sont grandes et le climat, difficile.
Aussi, nous avons au Canada un modèle où les voyageurs assument tous les frais et dans lequel certains revenus ne sont pas réinvestis par les gouvernements. La révision de ce modèle permettrait de rendre les voyages plus abordables.
Par exemple, les aéroports paient un loyer au gouvernement, qui s'est élevé à environ 400 millions de dollars l'année dernière. Ils versent également des paiements versés en remplacement d’impôts aux municipalités.
En outre, les voyageurs canadiens sont soumis à des frais et charges élevés. Il s'agit notamment des frais de sécurité qui ont augmenté de 30 % dans le budget 2023 et qui dépassent désormais 34 dollars pour un vol international. Aux États-Unis, les frais équivalents sont de 5,60 $US. En outre, les aéroports perçoivent des frais d'amélioration aéroportuaire pour financer l'infrastructure, qui peuvent atteindre 46 $ par vol au Canada (contre 4,5 $ aux États-Unis - où le gouvernement réinvestit les taxes d'accise dans le système et a annoncé un soutien l'infrastructure aéroportuaire de 40 milliards de dollars américains).
Enfin, les redevances de navigation aérienne sont également plus élevées au Canada.
L’impact du modèle Canadien est bien documenté alors qu’il a fait l’objet de nombreuses études. Tant le Comité permanent du transport et des Communications du Sénat en 2012, le rapport de révision de la loi sur les transports au Canada en 2015 (le rapport Emerson), et plus récemment l’institut économique de Montréal on tirer les mêmes conclusions. Pour citer le rapport Émerson:
« Le Canada est unique si on le compare à ses compétiteurs, puisqu’il facture des loyers dispendieux et des taxes qui minent la compétitivité. »
Ce comité a publié l'année dernière un rapport recommandant de revoir tous les coûts imposés aux aéroports et aux compagnies aériennes, et de réinvestir tous les loyers perçus dans les infrastructures aéroportuaires.
En conclusion, nous sommes ici aujourd’hui pour réitérer l’importance d’adopter des politiques qui reconnaissent le rôle de notre industrie, soit pour reprendre les mots du Sénat, une bougie d’allumage et non un poste de péage.
Merci.
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