Chad Blewett est commandant de bord sur 737 MAX de Boeing à Air Canada et l’un des premiers commandants inuit de la Société.
Je voyais les actualités au sujet des feux de forêt près de Yellowknife et je recevais des nouvelles des membres de ma famille qui s’y trouvaient.
L’ordre d’évacuation ayant été donné en raison des incendies qui s’approchaient de la ville, je savais qu’Air Canada participerait à ces efforts. Le 737 MAX 8 de Boeing ne se rend normalement pas à Yellowknife, mais nos équipes ont trouvé un moyen de l’envoyer là-bas.
Lorsque j’ai vu le vol à destination de Yellowknife apparaître dans l’horaire, j’ai immédiatement appelé l’Affectation des équipages et demandé à échanger mon affectation pour Honolulu afin d’aller à Yellowknife à la place.
Je suis originaire de Yellowknife et c’est à l’aéroport de cette ville que j’ai appris le métier de pilote. J’y ai effectué des milliers d’heures de vol, notamment sur d’anciens modèles de 737.
Quand le chef pilote m’a téléphoné pour me dire qu’Air Canada avait une autorisation spéciale pour effectuer le premier vol par 737 MAX à destination de Yellowknife, j’ai su que je devais être de la partie et qu’il n’y aurait pas de problème pour s’y rendre ou en repartir.
Pendant le trajet de Vancouver à Yellowknife, j’ai ressenti une certaine fébrilité à l’idée de revenir chez moi, mais aussi un peu d’anxiété en raison de la situation au sol. Nous avions des renforts à bord, notamment un technicien d’entretien d’aéronef et quatre bagagistes pour accélérer le chargement à Yellowknife.
Je n’ai pas cessé de penser à ma famille, car mon père et mon frère sont toujours là-bas et j’ai des oncles et des cousins en visite. J’ai vu ma famille dans l’aérogare. Ils semblaient calmes malgré tout ce qui se passait. Ils m’ont dit qu’ils quitteraient la ville le lendemain matin.
Lorsque j’ai fait mon annonce aux passagers, quelqu’un a reconnu mon nom et en a informé les agents de bord. Une fois l’altitude de croisière atteinte, je me suis rendu dans la cabine et j’ai vu qu’il s’agissait d’une ancienne collègue du transporteur aérien local. Je lui ai demandé comment elle allait, et elle m’a répondu qu’elle se portait bien, mais que son mari restait pour aider à l’évacuation.
Le fait de survoler directement l’incendie et de voir à quel point il était près de la ville a été une grande source d’inquiétude. C’est un spectacle assez éprouvant. On se dit que c’est une chose que nous ou notre famille ne connaîtrons jamais. Je savais cependant que les premiers répondants au sol feraient de leur mieux pour protéger la ville, ma ville natale.
Je suis fier des efforts déployés par ma société aérienne, car ces vols spéciaux ont été mis en place dans les 24 heures suivant l’ordre d’évacuation. J’ai vécu une expérience inoubliable en apportant ma petite contribution pour permettre à mes amis, à ma famille et à tout le monde de se mettre en sécurité dans ces moments éprouvants.